Il existe peu de données empiriques non seulement sur les expériences de violence sexuelle des hommes, mais aussi, pour ce qui nous intéresse ici, sur le nombre d’hommes victimes du mariage forcé, de l’esclavage sexuel ou du concubinage (voir, à titre d’exception, RLP, « They Slept with Me », 2011). Il n’existe pas de recherches statistiques sur le nombre d’hommes ou de garçons victimes de ces formes flagrantes de préjudice. De plus, on en sait très peu sur le rôle que jouent les femmes et les filles dans la perpétuation du mariage forcé et de l’esclavage sexuel, malgré le nombre grandissant d’études faisant état des avantages que tirent de ces abus les femmes appartenant à des groupes armés et des façons dont elles les perpétuent. Ainsi, en Sierra Leone, des faits démontrant que des femmes occupant des postes de haut niveau ont joué un rôle actif et déterminant dans l’enlèvement et le mariage forcé de jeunes filles ont commencé à se faire jour. Au vu de ces observations dans l’étude de la violence sexuelle en temps de guerre, les chercheur-e-s et les intervenant-e-s doivent revoir les hypothèses au sujet de la condition de victime et examiner les façons dont les féminités militarisées influent sur les comportements et les pratiques.